Je m’enSovaz !
Comme je l’avais déjà signalé en quittant le santié (1) Papang (2) pour aller me Pandiyé (3) à d’autres branches … j’aime me mettre en danger même si cela me tord le ventre de peur, j’aime cette sensation entre deux équilibres quand je vais explorer d’autres pistes… Je pars, seule, avec mes textes d’abord écrits en créole réunionnais, français et anglais parfois.
A La Réunion, j’ai découvert un jeune musicien très présent sur la toile, SSkyron. J’ai eu envie de lui proposer de faire un bout de chemin sur cette corde flottante qu’est la création artistique et il a bien voulu, tel un funambule, me suivre dans mes pérégrinations.
Alors avec lui en co-réalisation et aux arrangements j’ai pris la tangente et j’ai créé Sovaz (4).
Je m’enSovaz (5), je me dévête des faux-semblants, je jette tous les oripeaux qui m’encombrent, je balance et dis haut et fort ce que je pense notamment de la place de la femme dans notre société certes matrifocale mais ô combien machiste, de la place de la femme dans l’industrie musicale trustée dans mon île par quelques réseaux bien concentriques et égocentrés…
Ma musique se fait plus syncopée, plus urbaine, mes paroles sont empreintes de la rage ramassée, celle de mes ancêtres mais aussi la mienne puissante, profonde, explosive.
J’emprunte, avec inconscience au début, des routes qui ne sont pas les miennes moi qui ai vécu dans les hauts de l’île, dans une campagne où le brouillard dessinait le flou, j’emprunte les codes du béton, de la ville. Je me râpe aux mots, je dérape et ma voix raille les paroles d’habitude tamisées par une douce
musique. Ici l’écho est fort et le son bourdonne. Je blute du maloya, de la pop, de l’électro, du rap, je fais ma tambouille musicale comme j’épice mes plats.
Pour la mise en espace de Sovaz, je souhaite un visuel déchirant, éclatant de lumière crue et rapide, des images éphémères, de celles qui restent en nous mais dont la vision s’altère au fur et à mesure comme les collages de rue.
Je pense au créateur lumière Dimitri Delaunay qui avec sa grande sensibilité et sa connaissance de la musique peut mettre en valeur l’univers de mes chansons.
Sur scène nous serons en formation trio avec, à mes côtés un(e) guitariste et un(e) batteur(se). Nous ferons notre propre cuisine musicale en mitonnant nos sons grâce à l’aide technique précieuse en amont du musicien et formateur Ableton Rémi Cazal.
Je suis femme, réunionnaise, conscientisée, engagée et de part ma position d’artiste je tente de porter haut ma parole, mes combats et espère, ce faisant, relayer aussi celle de toutes les opprimées et changer les regards et les attitudes pour un monde plus égalitaire.
Maya Kamaty, femme, artiste, auteure, compositrice, interprète.